VUE SUR LAC - LES RÊVES ÉVEILLÉS

LES RÊVES ÉVEILLÉS D’UN CRÉATEUR TOUCHE-À-TOUT

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VUE SUR LAC

De Marie-Christine Hugonot aux éditions Glėnat

en vente en librairies,
6 pages sont consacrées à mon parcours
”Les rêves éveillés d’un créateur touche-à-tout”

Francis Berthault écrit des poèmes, photographie, imagine des collages et peint des tableaux. Il passe d'un art à l'autre au grés de sa fantaisie et de son imaginaire. C'est a Doussard, a' l'extrémité du lac d'Annecy, chez lui, dans son atelier ou la couleur jaillit de partout, que cet artiste aux talents multiples élabore une œuvre poétique, onirique et pleine d'humour.

« Je peins des rêves éveillés. Mes paysages sont une sorte de synthèse dans lesquels je mets plein de choses et inévitablement on  retrouve des éléments de mon environnement, le lac et les montagnes. » Francis Berthault, s’il s’implique dans la vie locale de son village, n’a rien d’un peintre local. Son cursus impressionne, et il a multiplié les expositions en France et à l’étranger depuis quarante ans. Sa vocation a débuté sur un lit d’hôpital un jour de printemps 1977. Ce Parisien, issu d’une famille modeste de quatre enfants, a pour père un ébéniste et «une mère ingénieuse» (c’est du Boby Lapointe). À dix-sept ans, il découvre la montagne, une passion dévorante qu’il vivra sportivement pendant sept ans, entre Chamonix et Leysin en Suisse. Elle lui a pris plusieurs de ses proches, elle est aussi la cause de son hospitalisation. L’idée de peindre pour occuper sa convalescence lui est soufflée par une amie. Il se prend au jeu et décide d’en faire son métier. Avec frénésie, il se prépare aux concours d’entrée de l’École des beaux—arts de Paris et à la Royal Acadeny de Londres. Reçu aux deux, il choisit Paris où il travaillera dans les ateliers d’Olivier Debré et de Jean Bertholle dont l’influence a été grande sur sa palette éclatante. Il obtient ensuite une maîtrise d’art plastique à Paris VIII. C’est donc armé d’un solide bagage qu’il s'e lance dans cette carrière artistique. En sortant de l’exposition « Laurens. Le cubisme, constructions et collages 1915-1919» a Beaubourg en I985-1986, il s’essaie au collage : «J’ai alors commencé à y travailler dans un esprit proche de Paul Klee qui m’a fait découvrir le moyen d’enrichir l’oeuvre par les mots. Pour moi, les collages restent liés au temps qui passe. Ils sont Faits avec des papiers qui ont une histoire, un vécu. Je collectionne les vieux papiers. Cela peut être très varié, a“ la Fois des emprunts russes, d’anciens actes notariés, des comptes de mon père, des vieilles cartes routières, et même des papiers de sachets de thé. . . Dans une déchi- rure, le hasard intervient, contrairement à la peinture. Je m’en inspire pour raconter une histoire, rebondir sur une idée.» Gaston Chaissac l’aurait-il inspiré? Il ne dément pas certaines affinités avec «le bricoleur du réel». Ses sources d’inspiration relèvent d’univers différents réunis par un regard décalé plein d’humour et une belle curiosité.

Berthault jubile. On le sent joyeux et très en verve, entouré de Capucine, sa femme architecte, et de ses enfants! Dans son atelier encombré de mille choses utiles à la composition de ses œuvres, un dôme constitué de toutes ses couleurs utilisées depuis ses débuts. Cette palette spectaculaire a une histoire. «Mon père était ébéniste et il m’avait fabriqué ce petit meuble sur lequel je pensais poser une palette que je changerais et puis, au fil du temps, le meuble est devenu palette, et maintenant il y a quarante ans de travail dessus. « Si l’on faisait une carotte, ce serait assez extraordinaire. Je l’ai même exposée.» C’est une montagne de peinture acrylique séchée aux couleurs éclatantes que l’on retrouve dans ses tableaux accrochés au mur. Pour lui, «il existe une volupté dans la couleur avec la peinture». Francis Berthault a besoin de passer d’une technique a l’autre. Raison pour laquelle sans doute il est aussi devenu photographe au service d’images poétiques en noir et blanc, sténographiées par ses soins. 

Il me rappelle Jacques Henri Lartigue par sa joie de vivre particulière et sa façon de vouloir tout capter. Et comme lui, il ajoute la la peinture et à la photo, mais dans des formats courts, des petits poèmes et des titres d’oeuvres en forme de jeux d'e mots très amusants. «Les peintres ont l’habitude de voir en grand-angle. Un photographe cadre. J’ai un petit bijou d’appareil numérique léger que j’emporte tout le temps avec moi, et je développe mes photos moi-même. Ça me fascine de donner une certaine image de la réalité.» Ce personnage modeste et attachant, a l’imagination débordante, est resté un grand gamin, vraiment heureux de pouvoir prendre du recul, de partir chaque jour en montagne... et d’avoir un vrai réseau de collectionneurs, qui le suivent pour certains depuis ses débuts et qui l’encouragent dans ses figures libres .